« Shut ! Tic Tac fait la pendule ! »

Invité

« Shut ! Tic Tac fait la pendule ! »
WILLIAM, MY DEAR BROTHER.

Découvrez !

« Je sais aujourd'hui que l'horreur a un visage,
Le mien. »

Plop...
Plop...

Une fuite... Il ne manquait plus que ça...

Lily contemplait le plafond de sa chambre, cherchant à y retrouver une quelconque sollicitude qui lui permettrait d'affronter l'extérieur de son antre. Ses doigts glacés enlacèrent ses draps, y dessinant de sinueuses venelles. La soif, encore et toujours cette soif qui la tenaille, lui fait perdre pied et toute raison. Elle aurait tant chéri de ne pas supporter cela, ainsi, jour après jour. C'était terrifiant avec quelle minutie cette Avidité morbide la saisissait, tel un métronome parfaitement équilibré, elle allait et venait à heures précises. Bien sûr, le reste des Winchester n'en avait pas conscience, car ils ne la connaissaient pas comme la demoiselle, qui elle, était devenue intime avec ce désir charnel. Son souffle mort s'accéléra, l'odeur du sang à profusion qui émanait des différentes cellules était absoluement infernale. Telle la pire des tortures, le vampire encaissait les coups bas de son propre corps. Elle devait se nourrir. Et maintenant. Attendre serait mettre en danger le premier innocent qui croiserait ses pas de velours.

D'un bond, elle quitta sa couche, faisant virevolter la fine robe blanche qui l'accompagnerait dans la débauche ce jour ci. Ses longues boucles noisette dévalèrent son dos dénudé à la manière d'une cascade insolente, jouant de ses reflets pour mieux affaiblir ses victimes. C'était insensé, autant d'arme dans un même camps, c'était donner les meilleurs cartes aux plus forts, et laisser dépérir les autres joueurs. L'injustice de ce jeu avait un jour fait germer une idée des plus audacieuses dans la tête de Lily, et si on échangeait les rôles ? Et si elle donnait la chance aux esclaves de se défendre ? Mais l'idée même de voir l'un d'entre eux devenir comme elle lui arracha un cri de douleur. De toutes façons, le nouveau né se rangerait du côté du plus puissant, et jusqu'à présent, c'était les Winchester.

Elle passa devant la glace, en proie à une véritable joute pour garder son sang froid, au sens propre comme au sens figuré. Ses prunelles azures étaient parsemées d'éclats noirs de geais, aussi sombres et profonds qu'une nuit sans lune, signe que la soif qui la tenaillait allait bientôt remporter la bataille. Elle saisit des clefs, et claqua la porte derrière elle. D'un pas vif et élancé, elle prit la direction de la cours, prenant un soin tout particulier à ne pas rencontrer d'esclaves, tenter l'Avidité ne serait vraiment pas raisonnable. Une fois à destination, elle jeta un coup d'oeil inquisiteur en direction des poubelles. Comme chaque jour à cette heure, l'horreur de ses frères et soeurs déteignait sur les captifs, et ceux ci prenaient un malin plaisir à reproduire les atrocités perpétraient entre les murs de la prison.

Un cri étouffé retentit, arrachant un sourire carnassier à Lily en proie à la Bête qui d'ordinaire sommeillait en elle. Mais à cet instant, elle était plus forte que la plus pure des motivations. Elle devait être écoutée, assouvie. Tel un brasier incommensurable au creux de ses entrailles, elle consume et torture... C'est alors que le vampire perdit son humanité...

« Fais pas la maligne, viens par là ma jolie poupée... »

« Vas t'en. »

La voix douce et suave de Lily retentit derrière les immondices qu'amassait la demeure. Son regard était fixé sur l'homme, qui, ôta violemment sa main de l'intimité de la jeune femme dont il tenait fermement les poignets.. Ses traits étaient déformés par la terreur qui s'était emparée de lui lorsque ses prunelles s'étaient posées sur le visage séraphique du vampire. La donzelle obéit, et prit la poudre d'escampette avant même que son agresseur s'en soit rendu compte. Il n'avait d'yeux que pour la perle qui le toisait à présent, brillant d'un éclat inconnu et instigateur. Un pas suffit, et elle se retrouva à ses côtés, lui, n'avait rien pu voir. Une main glacée caressa sa joue chaude, d'où Lily pouvait percevoir le sang qui battait ses veines. Ses canines s'allongèrent démesurément, mais, le malheureux ne pouvait qu'assister à sa propre mort, incapable d'émettre la moindre objection, tant la douceur de ce contact lui faisait tourner la tête. Les doigts du démon passèrent dans le blond de ses cheveux, avant que ses lèvres ne caressent son cou dénudé par l'experte maîtrise du vampire.

Je lui ai volé la vie, il a volé mon humanité...

Un bruit sourd et le corps inerte s'écrasa lourdement sur le sol. Aucune goutte carmin ne salit le bitume, sa mort avait été d'une rapidité extrême, sans aucune souffrance. Du bout du doigt, Lily essuya le sang de ses lèvres, ses prunelles ayant retrouvé toute la clarté d'un ciel sans nuage. Elle s'accroupit, observant sa victime avec désolation, avant de clore ses paupières.

« Je suis désolée... »

Elle tourna alors le dos à la dépouille sans vie du violeur, reprenant le chemin des geôles. Glissant furtivement dans les couloirs, elle écoutait les conversations, dépitée par ses actes et ses désirs. Une larme roula sur sa joue, puis une autre, et l'affliction qui s'empara d'elle la contraint à s'adosser au mur, et s'y laisser glisser. Elle plaqua sa tête entre ses genoux telle une poupée de porcelaine. Mais déjà, des bruits de pas résonnèrent dans le corridor...

Invité

William était dans sa chambre plus que confortable. Il n'était pas d'humeur badine ce soir et ne voulait pas aller torturer quelques esclaves qui n'étaient là que pour cela. Il agitait ses mains suivant la mélodie d'un bon vieux Ludwig van Beethoven. Il se prennait à cet instant pour le chef d'orchestre de cette magnifique panoplie de musiciens et semblait en transe au fur et à mesure que les notes resonnaient dans sa chambre lugubre bien qu'il ait essayé de la rendre la plus agréable possible. Fronçant les sourcils, il ne pouvait plus se retenir. L'appel de sa double nature se faisait oppressant et semblait lui tordre les entrailles. Il rouvrit aussitôt les yeux comme s'il sortait d'un songe où rien n'était impossible. William se redressa rapidement, enfila une veste pour ne pas attrapper froid – c'était une chose qui lui rester de son humanité passée, une chose que lui rappellait sans cesse sa mère et qu'il n'oublierait jamais – et se dirigea alors vers son poste de musique pour faire taire Beethoven et ses musiciens. Tapotant sa veste, il essayait d'effacer les quelques poussières qui s'y étaient déposées à cause de ses visites dans les salles de torture. Allez. On sort. Va à la recherche de tes nouvelles proies.

Sortant de sa chambre lugubre et sinistre, William prit une profonde inspiration et se dirigea alors d'un pas décidé et léger vers ces esclaves qui ne demandaient qu'une chose : mourir. Sifflotant un air de musique célèbre, il semblait tellement loin de toute réalité que c'en était surprenant et ô combien inquiétant. Poussant une porte, William tomba sur la victime rêvée ... il se l'était gardée au chaud en réalité. Un jeune homme d'à peine vingt ans, recroquevillé dans un coin de la pièce, tremblant comme une feuille et maudissant William qui riait toujours plus. S'approchant de lui avec une rapidité surhumaine, il le souleva de terre comme s'il ne s'agissait que d'une poupée de chiffon mais lorsqu'il lui pencha la tête sans que sa victime ne se débatte ... William décida d'être un peu plus violent et lui assegna alors un mauvais coup dans le ventre pour l'entendre gémir avant d'enfoncer ses canines d'un blanc eclatant dans la chair délicate et délicieuse. Savourant ce délicieux breuvage, William prennait son pied. Il adorait cet instant où il ne faisait qu'un avec sa victime et c'est ainsi que ses yeux se fermèrent lentement pour ne laisser place qu'à une atmosphère enivrante de plaisir. Le corps de sa victime pesait davantage puisque l'essence de cet être s'en allait, s'echappait par ces deux minuscules trous percés par les dents de William qui laissa tomber sa victime sur le sol. S'essuyant ses lèvres avec un mouchoir blanc qu'il trouva dans sa poche, il esquissa un sourire carnassier tout en faisant une brève reverence à sa victime désormais inerte.

« Merci cher ami. Ce fut un plaisir ... »

Dit-il d'un ton amusé avant de disparaître pour regagner sa chambre.
Alors qu'il marchait d'un pas tout aussi énergique, il ne put que constater la scène qui se dévoila sous ses yeux émerveillés. Sa soeur. Sa jeune soeur s'attaquant à un être humain avec une telle sauvagerie qu'il l'aurait applaudi mais il savait qu'elle ne le voulait pas, qu'elle était juste incapable de se retenir et que c'était la pulsion de sa seconde nature qui parlait et non son coeur et ses envies. Il ne dit rien et resta alors tapi dans l'obscurité la laissant finir son travail ... pour ensuite la suivre dans les longs corridors de leur antre. Au détour d'un couloir, il la vit alors se laisser tomber le long d'un mur et pleurer à chaudes larmes. Même s'il était un être abominable, il ne supportait pas le fait que l'on puisse faire du mal à une personne de sa famille et il ne supportait pas de voir l'une de ces personnes tristes. William ravala alors sa salive et se dirigea vers sa jeune soeur et lorsqu'il fut à sa hauteur, il lui tendit une main pour l'aider à se relever.

« Que fait une si jolie jeune femme seule, sur le sol, en train de pleurer ? Allez sèche moi ces vilaines larmes et viens avec moi mon ange. Dis moi ce qui ne va pas ... je suis là pour ça, pour écouter les chagrins de mes petites soeurs. »

Comment pouvait-on imaginer que ce frère aimant, adorable, et ô combien poli pouvait avoir été le coupable d'un crime odieux quelques minutes auparavant ? L'amour fraternel était plus fort que tout et William n'était pas prêt d'oublier sa jeune soeur qui commettait selon lui bien des folies à aider les « humains » mais il ne pouvait la renier, c'était sa jeune soeur et il l'aimait plus que tout. C'est pourquoi un large sourire chaleureux se dessina sur ses lèvres lorsque la jeune femme leva les yeux vers lui. Il était adorable ... vraiment.

Invité

* J'en ai assez... Cette... Chose en moi... Pourquoi ? Qu'ais-je fait pour mériter la torture immuable d'une vie baignée par le sang de mes victimes, innocents êtres dont les pas auraient malheureusement croisés la route sinueuse de ma dangereuse embarcation ... Je ne suis qu'une lâche, incapable d'affronter une vérité pourtant si simple et si risible... Si mon existence ne conduit qu'à la mort, alors la mienne doit mettre un terme à ce massacre, mettre un point final à cette liste devenue trop longue. Mais... Je ne peux pas... Je ne veux pas... *

Cette démarche... Féline, prédatrice, et bien trop parfaite, elle ne pouvait appartenir qu'à Lui. Ce frère exquis, cet être si précieux, si doux et délectable; mais aussi à cette créature infernale dont même Satan aurait pris congé. Il était si... Paradoxal. Curieusement, sa présence avait le don d'apaiser le cœur de Lily, qui devenait plus léger, chassant les nuages sombres d'un ciel d'été. Dans un sens, la jeune femme espérait qu'il comprenne, qu'il se range de son côté, mais c'était peine perdue, elle le savait. Sa cruauté était sans limite, sa démence quant à elle, n'avait d'égale que son entendement. William était à la fois le frère protecteur, qui prend sa petite sœur dans ses bras lorsque le film prend une tournure trop violente, et le serial killer qui sévit derrière l'écran.

Mais qu'importait, la douleur était si forte que même le Diable aurait pu lui offrir une épaule pour pleurer qu'elle aurait accepté, même si ce n'était pas si loin de la vérité après tout. Il était tout pour elle : le père qu'elle n'avait jamais eu, le réconfort d'un ami et tant d'autres choses encore. Lily leva alors ses grands yeux en amande vers William, si clairs que même la lumière blafarde et artificielle qui émanait des néons se reflétait à la manière d'une flamme dansante, dont la couleur azure était d'une beauté sans pareille. Ses prunelles détaillèrent le visage angélique du vampire. L'admiration qui baignait son regard était presque... Naturel. Et pourtant, elle s'était jurée de ne jamais suivre son exemple...

« Que fait une si jolie jeune femme seule, sur le sol, en train de pleurer ? Allez sèche moi ces vilaines larmes et viens avec moi mon ange. Dis moi ce qui ne va pas ... je suis là pour ça, pour écouter les chagrins de mes petites soeurs. »

La situation lui arracha un sourire, et Lily s'exécuta, passant négligemment ses fines mains aux coins de ses yeux, y effaçant les larmes immondes qui salissaient ses joues, redevenues roses. Lentement, elle saisit l'aide que lui offrait William, et se releva. Elle était bien plus petite, ainsi, pieds nus sur le carrelage froid qui n'avait plus d'emprise sur elle à présent. Seule la peau glaciale de son frère provoquait encore en elle des frissons le long de son échine incontrôlables, mais étrangement agréables. Son odeur fleurale vint chatouiller les narines du jeune homme, ce parfum était des plus naturels et des plus reconnaissables. C'est alors que sa voix douce et suave brisa le silence du couloir, s'écoulant comme du miel au seuil de ses lèvres.

« Ce ... Ce n'est rien. Juste un moment difficile à traverser, mais ça va déjà beaucoup mieux, grâce à toi.»

Le mensonge était un art dans lequel elle excellait, et pourtant, cette fois ci, elle n'eut pas à en user. Ses paroles étaient d'une sincérité extrême, la soif calmée, et le tendre visage du nosferatus avait entretenu son cœur, panser ses plaies, , qui se réouvriraient bientôt, elle en était certaine. Lily plongea son regard dans celui de William, intense et furtif à foi, comme cherchant à dissimuler ses pensées, même si elle parfaitement conscience qu'il ne pouvait lire en elle comme dans ses esclaves. Ses longues boucles noisette encadraient son visage à la manière d'une divine enluminure. Du bout des doigts, elle caressa l'épaule de son frère, souhaitant sûrement à ce faire pardonner du tracas qu'elle avait provoqué en lui.

« Je suis désolée, je ne voulais pas t'inquiéter. »

Invité

Bien sûr qu'il était inquiétant, effrayant, odieux, et ô combien détestable mais lorsqu'on le connaissait sous le statut de Winchester et en tant que grand frère d'une grande fratrie, il était adorable. C'est pour cela que Lily le trouvait paradoxal et ne savait pas vraiment sur quel pied danser et comment le considérer. Il était tellement changeant et tellement incompréhensible mais c'est ce qui faisait cependant son charme et qui prouvait fortement ce dualisme entre l'être humain qui sommeillait encore en lui et cette créature qui avait pris possession de lui et qui le faisait devenir un être de la nuit avide de sang. Le jeune homme était quelqu'un de spécial et il le savait ... il avait appris à vivre avec cette idée qu'il était devenue une créature monstrueuse et il se disait qu'il fallait encore un peu de temps à sa jeune soeur pour le comprendre et accepter son statut. Il allait l'aider sur cette voie du moins il espérait pouvoir y arriver.

Le regard de sa soeur était tellement hypnotisant que William s'y perdit durant quelques minutes. Il trouvait cela surprenant qu'une jeune femme comme elle se retrouve dans une position si funeste : elle pleurait seule, dans un couloir sombre et humide. Elle ne méritait pas cela, sa petite soeur ne méritait pas une telle posture et il allait tout faire pour qu'elle se transforme, pour qu'elle prenne conscience qu'elle ne pourrait pas faire autrement et qu'elle ne pouvait pas lutter contre cette nature démoniaque qui était désormais sienne. Les lèvres de William s'élargirent pour faire qu'un sourire amical et chaleureux se dessine sur son visage froid et blême. Ce William semblait être un ange, un archange qui était sorti de nul part au bon moment ... pour sauver sa jeune soeur de ces tracas d'adolescente pour ainsi dire.

William la regarda alors effacer ses larmes salées qui coulaient sur ses joues rosées et qui perlaient encore au coin de ses yeux. Elle était magnifique cette jeune fille et elle lui rappelait un peu leur mère ... William en avait des milliers de souvenirs de cette mère et revoyait le sourire de celle-ci dans celui de Lily, il entendait à nouveau son rire lorsque la jeune fille se mettait à rire : voilà pourquoi il la protégeait et qu'il faisait en sorte de la garder toujours près de lui. Ce parfum fruité et enfantin fit sourire le jeune homme qui ne pouvait que baisser la tête pour pouvoir la regarder dans les yeux. Il avait le sentiment d'être le père de cette jeune brebis égarée qui avait besoin qu'on lui trace une voie dans ce monde de ténèbres. Il s'en chargerait, il se le promettait.

La réponse de sa soeur ne put que lui faire tirer un sourire amusé sur ses lèvres. Il savait que ce n'était pas rien, qu'elle paniquait et qu'elle se sentait coupable d'avoir attaqué cet être humain, de s'être nourri de son sang et d'avoir aimé cela qui plus est. Il comprennait pas vraiment cette réaction mais il essayait de la comprendre. Acquiescant d'un signe de tête quand elle lui dit que cela allait un peu mieux grace à lui, il ne pouvait que lui répondre d'un ton amusé et serein :

« J'espère que c'est juste un moment Lily. Ton visage ne mérite pas de voir s'écouler de telles larmes ... »

William ne put que sourire en sentant cette main fine et légère se poser sur son épaule, il esquissa un sourire avant de poser ses mains sur les joues rosées et froides de sa soeur pour déposer ses lèvres sur son front en un délicat baiser. Il voulait la protéger, il aurait aimé qu'elle reste enfant à jamais sous son aile mais il la voyait grandir et s'echapper. Il la serra alors dans ses bras tout en caressant sa nuque avant de lui susurrer doucement :

« Tu n'as pas à t'escuser Lily. Et je m'inquièterais toujours pour toujours ... Tu sais ce que c'est les grands frères à force ?! Il va falloir que tu t'habitues à avoir toujours près de toi un vieux frère trop protecteur qui répond au charmant prénom de William. »

Invité

Ses lèvres de marbres, glaciales comme la pierre se posèrent sur le front à la peau diaphane de Lily. Ce contact étrange, mêlant la froideur du métal et la brûlure d'une flamme rougeoyante était déconcertant. Un moment, le vampire imagina l'une des nombreuses victimes de William, prise entre des sentiments paradoxaux, comme la douleur et le plaisir, la souffrance et l'extase. Ce n'était que d'autant plus cruel, songer un seul instant au combat acharné auquel se livre l'instinct de survie et la déraison redoubla les frissons de la jeune femme. Son sourire s'élargit, ses larmes ayant entièrement disparues, même si au fond, cette apparente gaité restait d'une fragilité incommensurable. Les néons grésillèrent, plongeant une seconde la scène dans le noir total de la prison. Des cris retentirent soudain, certains craignant sans doute que cette mauvaise galéjade soit le fruit des esprits dégantés qu'incarnaient les Winchester. Mais la lumière revint, et l'intense panique qui avait envahi les couloirs s'évanouit brusquement.

Cette interruption momentanée ne semblait pas avoir affecté les deux protagonistes qui ne vrillèrent pas même du regard lorsqu'ils se mirent à hurler. Lily poussa un profond soupir, et enlaça tendrement son frère, collant sa joue à la sienne, sur la pointe des pieds pour réussir à l'atteindre. Le contact austère fit ressurgir dans sa mémoire le souvenir chaud et doucereux du sang battant dans les veines de sa dernière victime. Elle se surprit à penser à la caresse délicate que cette effervescence faisait naitre en elle, lui arrachant une grimace de stupeur.

*Comment puis-je imaginer cela un seul instant ? Déteindrait il sur moi à présent ? A croire que la cruauté est contagieuse... Il me faut garder mes distances, l'empêcher de laisser ses instincts primitifs m'atteindre et m'emporter dans l'horreur de sa vie.*

Précipitamment, Lily brisa son étreinte, ne cherchant pas à dissiper sa stupéfaction. Ses prunelles azures scrutèrent le visage de William, avant de fondre vers le sol, l'observant fixement. A cet instant, un groupe d'esclaves passa à l'étage inférieur. L'un d'entre eux saignait abondamment, l'odeur métallique qui s'en dégageait était presque irrépressible. Le bleu du regard de la jeune femme s'emplit d'une nébuleuse profonde et obscure, tel un voile translucide, reflet d'une animalité cachée aux yeux du monde. Ce phénomène n'affectait presque plus le reste de la fratrie Winchester, eux, avait pris l'habitude, or Lily, elle, était comme un nouveau né, redécouvrant à chacune des pulsations de cette soif, la combattant jour après jour avec acharnement.

« Je suis désolée William, je... Je ne me sens pas vraiment dans mon assiette. »

Passant sa main sur son visage pour en cacher le regard froid et cruel, Lily se tourna légèrement, comme cherchant à esquiver une discussion qui ne mènerait nul part, si ce n'était à une énième dispute. Elle se sentait incapable de délaisser son humanité comme l'avait fait ses frères et soeur avant elle. Telle les sirènes d'Ulysse, une petite voix lui conjurait d'écouter William, de suivre ses conseils, et de se laisser porter par ses instincts. Mais attacher au mat de la raison, la jeune femme tenait fermement ses motivations, empêchant cette dangereuse embarcation de virer vers l'idylle d'une vie sans attache, d'une existence sans douleur...

« Je ferais mieux d'y aller. »

Lily n'espérait qu'une chose, ne pas à avoir à subir les interminables reproches qu'elle entendait nuit après nuit de la bouche même de sa famille. Même si elle avait échappé aux cours d'éducation sexuelle grâce à la mort de sa mère, l'enseignement de la cruauté et la perversité serait un fardeau insurmontable tant qu'elle n'aurait pas décidé de franchir le pas.

Invité

Alors que les deux Winchester partageaient un moment intense et qu'ils faisaient preuve d'une grande humanité, les lumières des néons grésillèrent pour cesser de briller durant une seconde. Des cris suivirent cet interruption de lumière comme s'il s'agissait d'un interrupteur à terreur. William et Lily ne semblaient même pas avoir remarqué cette obscurité soudaine. A vrai dire, William avait tellement confiance en lui qu'il savait que rien de mal ne pouvait lui arriver et qu'il ne risquait rien dans cet endroit. Après tout il s'agissait de sa prison, sa prison à lui et personne ne pouvait lui causer du tort sur son territoire. Même son abruti de frère qui avait longtemps essayé de lui voler sa place ne pouvait rien contre lui ... ce qui conférait au vampire une grande certitude qui pourrait lui causer quelques soucis, et il le savait. La lumière réapparut en même temps que le calme pour le plus grand plaisir de tous du moins pour le plus grand plaisir des prisonniers qui s'étaient imaginés des tas de scenari possibles durant cet instant qui parut éternel pour eux.

William enlaca sa jeune soeur tellement menue, tellement fine et délicate. Il avait le sentiment de tenir une enfant, une gamine et cela lui faisait toujours plaisir : il avait le sentiment d'être le paternel de cette gamine et il se sentait important car il devait encore lui apprendre des choses. Le contact de ces deux peaux maudites était réellement puissant ... comme s'ils partageaient leur énergie, leur essence en un simple contact. William eut le sentiment qu'un courant electrique lui parcourait l'echine et il ne put que fermer les yeux sous cette pression qui n'était pourtant pas désagreable. Mais cette enlacade s'évanouit aussitôt et cette sensation de chaleur avec elle, Lily s'était reculée comme si elle avait été prise d'une prise de conscience soudaine. Il ne pouvait que ressentir le fait qu'elle était troublée, qu'elle ne savait plus vraiment quoi faire ... Elle se perdait à jouer ce jeu de jeune femme perdue. Elle allait même finir par ne plus jamais retrouver son chemin. Il la regarda alors comme quelqu'un qui regardait le chien le plus malheureux d'un chenil. Elle criait à l'aide sans s'en rendre compte et William allait s'occuper d'elle et allait faire son éducation. Il n'y avait plus que cela comme solution pour la sauver d'elle même. Le regard de Lily prouvait qu'elle était bel et bien un être comme lui, qu'elle était hybride et qu'elle avait les même pulsions que lui ... ils étaient de la même espèce : il allait falloir qu'elle s'y fasse si elle ne voulait pas disparaître.

« Qu'est ce qu'il se passe, Lily ? »

Demanda t-il en sachant parfaitement le pourquoi de ce malaise.
Il voulait qu'elle lui dise, il voulait l'entendre parler ... Les autres Winchester ne cherchaient pas vraiment à comprendre la jeune fille, ils ne cherchaient pas à savoir ce qu'il lui prennait. Alors que William, lui, voulait et s'acharnait à la comprendre et à l'aider. Il savait que l'on passe tous par une mauvaise passe et voulait que la jeune femme se sente bien entre les membres de sa famille. Mais au lieu d'entendre ce qu'il aurait voulu entendre, la jeune femme s'éloignait de lui, le fuyait et lui répondit qu'elle ferait mieux de partir. William arqua un sourcil, perdit durant quelques secondes son sourire pour afficher une mine inquiète et serieuse. Il s'approcha alors de la jeune femme et posa ses deux mains sur les joues rosées de Lilly, il plongea son regard dans le sien pour lui dire alors d'une voix sérieuse, réconfortante :

« Tu as honte de ce que nous sommes, de ce que tu es. Il ne faut pas Lily. Tu es toujours humaine, tu ne perds pas ton humanité en te nourissant. Dis toi que tu es un être double, une hybride et que tu as besoin d'humains, de sang pour survivre. Vois cela comme une sorte de maladie incurable et vis avec. Je sais que tu es quelqu'un de bien mais tu es également une des notre ... alors ne fuis plus. »

William avait été délicat et tellement doux dans ces paroles que c'en était surprenant. Il ne voulait pas brusquer sa jeune soeur mais il voulait qu'elle prenne conscience que c'était ainsi et que même si elle refusait de voir la vérité, elle était une vampire ... on ne peut lutter contre sa vraie nature. William avait envie de l'emener à la chasse avec lui, de la voir sauter sur un humain ... Il voulait la voir à l'oeuvre. William n'allait pas la laisser si vite.

« Si tu continues à lutter et à nier ce que tu es réellement, tu vas te perdre Lily. Et je refuse de te laisser aller dans cette direction. »

Invité

*Cette voix... Si douce et rassurante, elle me rappelle la mélodieuse symphonie de notes que me chanter maman... Son visage, il a depuis bien longtemps disparu dans le dédale de ma mémoire, et les seuls souvenirs emprunts d'un flou persistant dont je ne peux me séparer y réside encore. Unique, cette berceuse ressurgit en moi, lorsque le plus grand de ses fils parle de ce même ton protecteur, presque chantant. Hypnotique, incontrôlable, si je n'avais pas été cette créature j'aurais moi aussi sombrer dans l'inconscience, me laissant baignée par ses propos, mais ce n'était pas le cas, et son pouvoir avait des limites sur moi que les autres ne lui connaissaient pas. Je n'étais pas dupe, et la raison ne n'abandonnait presque jamais. Je n'étais pas comme eux. J'étais une erreur de la nature, une contrefaçon de ces êtres de la nuit avides de sang, le mouton noir de la famille. Et je comptais bien le rester.*

Le discours de William laissa Lily décontenancée, absorbée par ses paroles, comme si elle les buvait. Ses yeux avaient perdu leur noirceur, redevenant aussi clairs qu'un ciel d'été. Elle l'écoutait, attentivement, semblant un instant trouver en son discours un réconfort étrange, presque morbide. Une maladie ? Peut être. Après tout, elle ne l'avait pas choisi, elle n'était en rien responsable de ce qui lui arrivait. Une curieuse vérité paraissait vouloir l'emporter, dans la simplicité qu'elle engendrerait ensuite, mais c'était sans compter sur l'esprit détraqué du vampire...

*Infectée... Certes. Si je suis malade, ne devrais je pas me garder loin des autres ?*

Ses prunelles retrouvèrent alors toute leur brutalité, dure, comme la glace sempiternelle des grands sommets. Rares étaient les instants où la colère s'emparait d'elle, mais le piège que lui avait subtilement tendu son frère était si proche de l'atteindre, qu'elle ne put s'empêcher de lui en vouloir. Inexorablement, ses canines assérées s'allongèrent, perlant, infimes, aux delà de ses fines lèvres sucrées. Malgré un panel d'émotions contradictoires, son visage séraphique était toujours masqué par un loup tendre et délicieux, même si sa voix ne cachait pas son irritation.

« Une maladie ? D'accord ! Mais explique moi seulement pourquoi je devrais faire de mon fardeau l'épée de Damoclés de ces pauvres innocents ?! »

Ses traits étaient enveloppés d'une rage, curieuse, presque attirante. Elle n'était en rien comparable à celle de ses frères et sœurs, elle était ... Humaine, désespérément humaine, tel le souvenir défunt d'une vie avant la mort. C'était si... Sincère, si franc qu'une lame aurait eu le même effet, tout aussi blessante et cassante. Un dernier regard dévisagea le vampire, ainsi mis à nu. Et elle s'apprêta à partir, lui tournant négligemment le dos à la manière d'une enfant ne craignant rien de la supposée réplique qu'allait sans aucun doute émettre William. Son pas ample et félin la rappelait pourtant à sa véritable nature, trop svelte, trop élancé, trop parfait pour appartenir à une simple humaine, car même si elle se résignait à l'admettre, elle était plus que cela à présent...

Invité

William semblait avoir le don de rassurer, de calmer la furie qui sommeillait en sa soeur par ses paroles rassurantes et réconfortantes. Il avait le sentiment de lui donner un peu de sa force, de son énergie pour ne pas la faire sombrer davantage dans l'abîme dans lequel elle plongeait à pieds joints. Il s'inquiétait pour elle, pour son avenir et surtout il avait peur que Lily comette une erreur et ne devienne une traitre aux yeux des autres ... Elle aidait beaucoup trop les esclaves des Winchester et cela ne plaisait pas à tout le monde y compris à William qui détestait cela. Il espérait l'aider, la réconforter à travers ses paroles, ses mots qui avaient pour seul but de l'aider et de la faire avancer sur le chemin de la vie. Le jeune vampire la regardait droit dans les yeux, il plongeait son regard aussi froid que le métal dans celui de sa soeur, dans ces jolies petites prunelles étincellantes de mille feux. Il voulait y voir briller de la passion, de la joie et non la voir comme une âme errante dans les couloirs de cette « forteresse ». Il ne supporterait pas de la voir sombrer dans le désespoir : il avait connu l'angoisse que vivait sa mère et ne voulait plus connaître ce sentiment chez l'être aimé.

Le regard de sa jeune femme se transforma subitement. Apparement, ses mots n'avaient pas eu l'effet escompté et il le devinait par cette flamme qui sommeillait au fond de sa pupille. Il en était assez effrayé mais il savait également que son expérience pourrait la calmer si elle montait trop sur ses chevaux. Lily n'était pas un danger du moins pour l'instant mais si elle le devenait, William serait contrait d'agir en conséquence. On ne peut pas avoir une ennemie dans son camps surtout lorsqu'elle fait partie de votre propre famille. Elle venait de prendre conscience que William n'avait peut-être pas tort et qu'elle devrait peut-être suivre ses conseils ... Il en était ravi, ravi de voir qu'il allait la contraindre à reflechir à ce sujet. Si ce n'est pas cette nuit, ça serait la prochaine un point c'est tout. La réponse de sa soeur lui correspondait tellement que William n'en fut pas surpris et haussa les épaules comme si elle venait de lui dire une incroyable bétise. Pourquoi disait-elle cela ? Pour lui, c'était tout à fait normal de se nourrir de ces humains et il essayait de ne pas se poser de questions : c'était ainsi ... Pourquoi devrait-il aller à l'encontre de ses plaisirs et de sa nature ?

« Parce que tu veux survivre Lily. Tout simplement parce que sans cela, tu meurres ... »

Lui répondit-il comme si elle lui posait une question futile.
Mais la jeune femme partait, elle lui tournait le dos, elle fuyait une fois de plus. Cela le révolta plus que tout au monde ... Son visage se crispa, ses muscles se crispèrent et ses poings se serrèrent comme s'il allait briser quelque chose entre celles-ci. Fronçant les sourcils, il la rejoint et grâce à ces capacités vampires qui l'amusaient, il se retrouva face à elle. Il ne semblait pas énervé et pourtant on pouvait deviner qu'il n'appréciait pas tellement le côté désinvolte et humain de sa soeur. Croisant les bras, il la regarda alors d'un air sévère. Il avait peur de perdre les gens qu'il aimait, c'était un reste de son humanité certainement et aussi parce qu'il avait toujours eut le sens de la famille et c'est pour cela qu'il ne quittait jamais les membres de sa famille. Il décroisa les bras pour lui effleurer le visage et pointer du doigt les deux traces de canines qu'elle avait dans le cou. On ne pouvait nier le fait qu'elle était un vampire, elle ne pouvait oublier son statut, cette envie de percer la chair humaine pour y boire ce doux nectar. Elle était comme lui certes moins violente mais elle était comme lui : un monstre et il fallait apprendre à l'accepter.

« Lily. Tu es comme moi ... et tu n'y peux rien. »

Invité

Il a raison... Et tu le sais... Tu n'y peux rien... Elle est en toi, elle te ronge de l'intérieur. Tu es faible, impuissante sans elle. C'est ton essence, ta ligne de conduite, et tu dois t'y tenir ! Ecoute le donc pauvre sotte !

Non ! Il en est hors de question ! Je ne suis pas ... Un monstre ! Je n'ai pas le droit de vie et de mort, personne ne l'a ! Je refuse !

Plutôt mourir...

Petite idiote ! C'est lui qui a raison ! Tu le sais ! Tu es comme Lui... Comme eux ! Ils sont ta famille ! Ecoute les ! Prends conscience de ton pouvoir, de ta force... La soif n'est qu'un léger contre parti, et puis... Ils sont bien assez nombreux... Non ?

Je ne suis pas comme toi William. Toi, tu as vu la différence, tu as apprécié ce changement. Pas moi, j'étais trop jeune. Je n'ai aucun souvenir de ma vie d'avant... Je suis née avec cette rapidité, avec cette élégance qui font de moi ce que je suis, je n'ai jamais connu la faiblesse de l'humanité, je n'en connais que les forces, et c'est pour cela que je veux les préserver !

Tue moi William... Comme Josh a tué notre frère...