« Happy Ending ? » | Libre |

* Il s'est enfin retiré, effrayé par les rencontres qu'il pourrait faire cette nuit sans doute... La Lune semble l'avoir chassé, tirant sur les couvertures célestes baignées par une mer d'étoile étincelantes qui constellent à présent l'horizon, derrière l'épais voile duveteux. Les nuages ont pleuré leurs longues larmes blanches, embrumant l'air d'une délicate odeur d'été, le sol chaud et humide reflétant les faibles rayons argentés de l'astre. Un vent frais s'immisce entre les feuilles émeraude d'un chêne imposant dont l'enchevêtrement des branches laisse imaginer les bras tendres et réconfortants d'une mère, pour qui sait ouvrir son esprit à la simple beauté de la nature. La mélodie qui en émane est tout bonnement ravissante, résonnant dans la pénombre comme la plus pure des symphonies.

L'endroit est désert. La nuit a fait fuir même les plus téméraires, laissant place à un lourd silence ponctué de ci de là par les jérémiades de la brise. Rares sont ces soirées, où le froid ne s'amuse pas à vous mordre les joues, opiniâtrement, jusqu'à ce que, éreinté par cette lutte, vous n'abandonniez la bataille, et recouvrez l'odeur nauséabonde du château, emprunte du parfum subtil et amère de la mort. Fumet acre et perçant, il arrive parfois qu'il saisisse les poumons, y déversant l'acidité de la situation, la brûlure de la torture. Quoi qu'il en soit, ces moments de calme sont un or qu'on ne pouvait rechigner, doux et délicat, pansant les blessures, soignant les cœurs, jusqu'à ce que la mémoire daigne enfin se séparer des souvenirs les plus douloureux emmagasinés dans la journée.

Souvenir d’un bonheur passé … Douleur de moments marqués par un désespoir grandissant. J’attendais cet instant avec délice. Chacun de mes sens est en alerte, captant la moindre sensation nouvelle qui apaiserait ma soif, occupant mon esprit grâce à d'habiles subterfuges. Au loin, résonne le couché de la ville, qui bientôt s’éteindra partiellement dans l’obscurité impénétrable de cette nuit sans lune. Je chéris ce moment, unique où lequel le borgne est roi, où seule la lune déverse son aura, faible, semblable aux prémices des rayons solaires de l’aube.

Si l'argent n'a pas d'odeur, le sang en a une, et je ne pourrais malheureusement pas vivre sans... *

Une silhouette, fine et élancée, se dessina dans l'obscurité. Sa peau diaphane reflétait les rayons de la Lune, créant un jeu de lumière sans pareil. Malgré la pénombre, deux sublimes perles étincelaient, telles les pierres précieuses du plus merveilleux des diadèmes. L'azur de ses prunelles n'avait d'égale que la finesse de ses traits, qui semblaient avoir été dessinés par les plus grands artistes. La simplicité qui baignait son visage le rendait curieusement attirant, tout comme ceux de la fratrie Winchester. De longues boucles noisettes l'encadrait, jurant avec la pâleur de sa peau. Ses grands yeux en amande, semblables au ciel sans nuage qu'avait offert cette journée de juillet brillaient avec une insolence incongrue, captivant le moindre regard.

Lily avança d'un pas lent et ample, le sol ne semblait avoir aucune emprise sur sa démarche qui se faisait de plus en plus élégante. Pas une âme qui vive pour savourer ce spectacle, et le désir de solitude enfin comblé. Le vampire huma l'air un instant, appréciant sans nul doute la caresse de cette atmosphère estivale. Vêtue d'une fine robe blanche, la demoiselle rejoignit le milieu de la cours en direction d'un banc. Le tissu virevoltait sur ses cuisses dénudées sous l'effet du vent qui s'intensifia un peu plus. Seulement, la scène accueillit un nouveau protagoniste, et le bruit de ses pas attira l'oreille de la jeune femme qui se tourna vers l'imprudent.