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 Aparté médical [Adam]

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MessageSujet: Aparté médical [Adam]   Aparté médical [Adam] EmptySam 11 Avr - 21:06



    Quelques bruits secs et assez espacés résonnaient faiblement dans un des couloirs de la prison. C’était le son inapproprié que provoquaient sur le sol rocheux les escarpins à talons légers que portaient Boucle d’Or depuis son arrivée, voilà trois semaines. De très beaux escarpins, au demeurant, brun foncés, avec une grande boucle en or décorative qui ornait l’avant de la chaussure. C’était chic sans être ostentatoire. Tout à fait à l’image de Daisy, donc. La Belle avait beaucoup apprécié s’habiller avant. Cela avait entretenu son image, sa puissance tacite et douce sur les autres. Du reste, la femme avait toujours pensé que prendre soin de soi était un signe de dignité.

    Oui, cela avait été parfait de porter ces jolies chaussures, le jour avant. Ainsi, elle avait été élégante même dans le chagrin et l’inquiétude où elle cherchait son fils disparu. Désormais, ça semblait stupide et frivole, même à ses propres yeux. Surtout à ses propres yeux, en fait. Ses jolis accessoires étaient devenus des éléments noirs de sa prison, y compris ces souliers douloureux, ceux qu’elle était forcée de porter tous les jours et qui lui donnaient maintenant des ampoules aux pieds. En fait, tout était douloureux dans la prison de Thurso : l’absence, les blessures, la confrontation aves ses propres penser.

    Car, que pouvait-on faire d’autre ici que de penser, retourner dans son esprit les événements passés de son existence ? Les analyser, les décortiquer et salir ainsi les plus beaux souvenirs par d’amers regrets auparavant inexistant. Il n’y avait rien excepté ça et l’attente angoissante de quand ils viendraient vous chercher. Chacun son tour, ne le disait-on pas ?

    Et Daisy en avait tout à fait conscience, ce qui provoquait chez elle un regain impressionnant de discrétion. C’était sûrement pour ça que la femme marchait lentement, tentant de contrôler le bruit que provoquaient ses pas, afin que personne, pas même un prisonnier, ne l’entende. D’ailleurs, elle mesurait aussi sa respiration : exclusivement par le nez, aussi profonde et calme qu’elle le pouvait alors que son cœur tambourinait contre sa poitrine, la poussant à haleter de peur. Et malgré ça, Boucle d’Or ne parvenait pas à se retenir, c’était encore plus fort qu’elle : elle marchait en plein milieu du couloir, se refusant obstinément à raser les murs pour tenter de se cacher dans leur obscurité. Au contraire, elle avançait à la lumière crue des néons. Et ses enjambées, douloureuses qui tiraient sur sa plaie au niveau de sa hanche, remontant près de son sein, étaient aussi souples que possible.

    Tout aurait été préférable que de se faire trouver pour sa séance de torture déjà pitoyable et brisée. Mais bien sûr, ce n’était qu’une illusion. Car, qui pouvait dire que ce n’était pas le cas, ici ? Ils avaient déjà gagnés. Chaque prisonnier allait mourir ici, c’était l’évidence même qui avait frappé Daisy le tout premier soir. Dans ce cas, ça semblait ridicule et dérisoire de se comporter de la sorte … Mais la femme voulait conserver la seule chose qu’elle aimait, excepté que son fils : sa dignité. Pas sembler être forte, ni même relever le menton avec arrogance auprès d’eux. Simplement continuer à être lucide sur son existence et la vivre comme cela était possible, sans se permettre de dépérir face à elle-même. C’était une question privée qui engageait son honneur et sa petite personne, pas les autres qui auraient pu la regarder.

    Arrivée à la salle de bain, Bourgeois ne perdit pas une seule seconde et se dirigea vers l’unique lavabo de la salle, en face des arroseurs fixés au plafond en guise de douche et à côté des urinoirs masculins fortement odorants. Elle avait toujours pensé qu’elle aurait préféré mourir plutôt que de s’abaisser à fréquenter des lieux aussi sales. Elle était montée haut dans sa vie et ce n’était pas pour s’abaisser à ça. Comme quoi, on revoyait vite ses exigences à la baisse une fois que sa vie était réellement en danger. Maintenant, elle acceptait ce qui lui arrivait sans même envisager de chercher à avoir mieux. Comme l’humain était faible. C’était triste, constata-t-elle avec un étrange détachement, pas encore désabusé mais plutôt pessimiste. Elle n’était pas là depuis assez longtemps pour que la dernière étincelle inconsciente d’espoir se soit vraiment étouffée, même si elle n’en avait pas conscience.

    Relevant son chemisier , blanc autrefois, mais plutôt jaune de crasse désormais – mais exempt de tâches de sang, Boucle d’Or ayant subit son cadeau de bienvenue nue – la femme sortit de la poche de son beau pantalon brun rayé de très fines blanches un mouchoir en cotton. Encore une fois, elle pensa comme quoi tous ces accessoires étaient pitoyables dans sa vie. Elle l’approcha du robinet d’une main, tout en tournant la manivelle d’eau froide de l’autre pour en faire jaillir un peu d’eau. Elle n’avait aucun autre espoir de guérison pour la blessure qui s’était infectée que celui de la maintenir propre à tout prix.

    Elle dut pousser très loin la manivelle avant qu’un peu d’eau ne s’en échappe. Peut-être que les canalisations étaient en partie gelée … Ca n’aurait rien d’étonnant. Il faisait si froid, ici. Un peu comme dans les camps de concentration datant de la seconde guerre mondiale qu’elle avait été visitée quand elle était encore élève – ça lui semblait très loin. Là aussi, ils faisaient ce même froid humide et suffoquant toute l’année à l’intérieur du bâtiment, leur avait-on expliqué. En le visitant, Daisy avait d’ailleurs pensé qu’elle ne serait jamais restée en vie plus d’une semaine dans un endroit pareil.

    Soupirant – c’était si difficile de chasser les souvenirs de sa précédente existence et d’admettre que c’était fini et que ces songes venus d’ailleurs étaient comme morts désormais – elle mouilla son mouchoir et l’utilisa pour l’appliquer sur sa blessure, bloquant inconsciemment sa respiration à ce geste. Elle dut frotter plus fort pour vraiment nettoyer la plaie et quelques endroits de sa coupure aux bords dentelés se rouvrirent et laissèrent échapper quelques gouttes de sang que Boucle d’or ramassa avec son mouchoir qui les absorba sur le champ. Ce n’était pas net. Et pour tout dire, c’était même affreux à voir. Mais qu’importe ? Aucun homme ne la verrait plus jamais. En tous les cas, elle l’espéra, connaissant les atrocités qui s’effectuaient entre prisonnier. A cette pensée, et prenant conscience de son immense vulnérabilité ici, à penser avec ses faibles moyens ses blessures, elle fit tomber son mouchoir au sol, prise d’un élan de panique.

    Elle s’abaissa pour le ramasser, une main fine posée sur le lavabo pour se maintenir en équilibre.
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